Vie et mort des paysages. Agriculture intensive et abeilles sauvages. Part. 3

 

L’agriculture industrielle ou l’art de défigurer les paysages

1 et 2. « Ici, la nature est aussi une habitante »… Pure communication ou tangible réalité de terrain ? L’annonce, visible à l’entrée d’Anneville-en-Saire, bourgade de la péninsule du Cotentin (Manche), donne envie de creuser ce qu’elle recouvre réellement… dans une région réputée pour la splendeur de ses paysages littoraux, le Val de Saire où, malheureusement, symboles d’un modèle agro-industriel polluant et ravageur, les monocultures de maïs hybride massivement exporté détrônent chaque année davantage les haies champêtres et les herbages (bocages) et ce, jusqu’en limite des plus belles plages (photo 2) [3]

3, 4 et 5. Entre Saint-Vaast-la-Hougue et Barfleur, communes du Val de Saire sises en bord de mer sur la côte nord-est du Cotentin dans le département de la Manche (Normandie), les monocultures industrielles de maïs, céréales, poireaux, choux, etc., en constante expansion étalent leurs nuisances esthétiques et chimiques jusqu’en bordure des plages de la Manche qui font pourtant l’attrait de cette région. En outre, les rivages maritimes et leurs abords sont riches d’une biodiversité végétale, animale, fongique (dont les lichens) et micro-organique très spécifique, les habitats littoraux constituant de précieux écotones[4]; photo 5). À l’interface du champ de céréales moissonné et herbicidé (visible à gauche de la photo 3) et de la frange côtière ourlée de plages (visible à droite), s’étire le chemin de grande randonnée GR® 223 dont la promotion touristique se garde bien de préciser les franches dégradations paysagères qu’opère année après année l’intensification de l’usage agricole des terres (photo 4)… vantant une étape qui alterne « entre bord de mer, bocage, pâturages et cultures maraîchères[5] »… Or, aujourd’hui, ces dernières dominent – sur ce parcours autrefois somptueux – bocages et pâturages qu’elles ont pratiquement remplacé.

6 et 7. Agriculteur pulvérisant de l’herbicide sur un champ labouré sis à moins de 10 mètres d’une plage du Val de Saire alors que le vent souffle fort, à plus de 19 km/h, ce que la réglementation pourtant interdit (voir la partie 2 de cette série, note de bas de page 5).

En France en 2020, la répartition par fonction biocide du NODU ou « NOmbre de Doses Unités » (l’indicateur de suivi du plan national de réduction des pesticides de synthèse dit « Écophyto ») indique que 49 % du NODU pesticide étaient représentés par des herbicides, défanants et agents anti-mousses ; 27 %, par des fongicides et bactéricides ; 19 %, par des insecticides et acaricides ; 2 % par des molluscicides et 2 % par des régulateurs de croissance des végétaux[6]Or, herbicides et fongicides qui, cumulés, représentent près de 80 % du NODU agrotoxique, ont des actions insecticides[7] !

 

Ici visibles, les précieuses laisses de mer – composées d’algues, débris coquilliers, cadavres d’animaux marins ou d’oiseaux, bois et feuilles, etc., – composent autant de microhabitats des estrans sableux que fréquentent maints invertébrés et autant de garde-manger visités par des vertébrés en maraude ; les estrans rocheux abritent quant à eux des invertébrés particuliers affectionnant ces niches écologiques étroites. Les espèces végétales qui s’épanouissent plus haut sur l’estran sableux ou sur sa frange continentale accueillent des insectes phytophages parfois très spécialisés et maints pollinisateurs. Or, l’ensemble des milieux terrestres, aquatiques et marins – notamment côtiers – sont contaminés par les agrotoxiques. Des impacts directs et indirects de ces poisons sont également avérés sur les écosystèmes et les populations d’organismes terrestres, aquatiques et marins. « Impacts des produits phytopharmaceutiques sur la biodiversité et les services écosystémiques : résultats de l’expertise scientifique collective INRAE-Ifremer ».  www.inrae.fr/actualites/impacts-produits-phytopharmaceutiques-biodiversite-services-ecosystemiques-resultats-lexpertise-scientifique-collective-inrae-ifremer

 

 

9, 10 et 11. Champs de choux industriels en bordure du GR® 223 qui serpente le long des plages éclatantes de beauté du Val de Saire. Ou l’art d’enlaidir, polluer, saccager les patrimoines naturels d’exception, les perles biologiques et autres joyaux paysagers.

À les écouter, les chasseurs/piégeurs français ne « tuent » pas des animaux, êtres sensibles, par plaisir en pratiquant leur mort-loisir, mais « prélèvent » du « gibier » à des fins de « régulation » (dont ils jettent souvent les cadavres intoxiqués par le plomb des munitions) ; ces héros des temps modernes nous protègent en outre de l’invasion par les méchants « nuisibles » (rebaptisés, en langue technocratique, « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts ») tels les renards et Mustélidés qu’ils massacrent par centaines de milliers – espèces nonobstant fort utiles à la régulation naturelle des rongeurs contre lesquels maints agriculteurs, maraîchers ou jardiniers éparpillent des rodenticides qui empoisonnent les sols, contaminent les eaux et exterminent les faunes domestique et sauvage.

Maniant avec une malhonnêteté et un cynisme similaires l’art de l’hypocrisie langagière, les fabricants, distributeurs et utilisateurs de biocides chimiques agricoles (ainsi que les pouvoirs publics soutenant ces pratiques pourtant dénoncées par des scientifiques comme constituant un « crime contre l’humanité[8] ») se disent « contraints », afin de « nourrir l’humanité » et sa démographie galopante, de « traiter » les cultures avec des « produits phytosanitaires/phytopharmaceutiques »… Ces partisans de l’agriculture industrielle qui font sciemment le choix de ravager les paysages et d’intoxiquer leurs habitants humains et non-humains pour cumuler toujours plus d’argent et de pouvoir via une juteuse politique d’exportation de denrées alimentaires ne sauraient être tenus responsables des tueries immédiates ou différées d’innombrables espèces non-cibles et de l’explosion des maladies dégénératives chez les humains, puisque, dans leurs bouches, « maîtriser la protection de ses cultures tout en respectant l’environnement est aujourd’hui le quotidien de tout agriculteur[9] » !!!

… Quand la violence éclate dans les non-dits criants cherchant à la dissimuler, dans ces mots fallacieux soucieux de l’invisibiliser… dans ces langages euphémisants, édulcorés, travestis et menteurs fuyant la réalité de ce qu’ils désignent pourtant en creux…

 12, 13, 14 et 15. Afin de ne pas clore ce chapitre introductif sur cet assez sinistre portfolio – chambre d’écho des profondes agressions subies par d’extraordinaires milieux de vie –, accordons-nous quelques instants de douceur et de poésie grâce à quelques beautés sauvages : la grande andrène ♀ (photo 12), le petit mégachilidé ♂ (photo 13) et la lasioglosse à 6 taches ♀ (Lasioglossum sexnotatum ; photo 14) ici photographiés le furent sur le splendide rhododendron rouge dont le printemps voit l’éclosion d’inflorescences majestueuses dans le jardin de la maison de feu Jacques Prévert (photo 15) à Omonville-la-Petite, gracieuse bourgade sise sur la côte nord-ouest du Cotentin – laquelle fournit des habitats très favorables (lorsque l’agriculture industrielle et l’asphaltisation des sols n’y sévissent pas) à une apidofaune variée : « Les abeilles pour la plupart privilégient les habitats ouverts, chauds et ensoleillés, dans la mesure où elles peuvent y trouver le gîte et le couvert, des fleurs variées et des sites de nidification. Dans la Manche, le littoral offre à l’évidence les meilleures potentialités avec sa flore diversifiée, ses talus argileux, ses massifs dunaires, son ensoleillement[10]. »

« Les animaux ont des ennuis
[…] Laissez les oiseaux à leur mère
Laissez les ruisseaux dans leur lit
Laissez les étoiles de mer
Sortir si ça leur plaît la nuit
Laissez les éléphants ne pas apprendre à lire
Laissez les hirondelles aller et revenir.« 
Jacques Prévert, Paroles, 1946.

16 et 17. Prairies de fauche en bord de mer sur le territoire des communes de Carolles et de Champeaux dans le Sud-Manche aujourd’hui préservées des dégâts incommensurables de l’agriculture intensive. En 2023, Carolles a reçu le prix Coccinelle « Collectivité » décerné par l’association naturaliste et militante Manche-Nature « pour son engagement à mettre en œuvre une véritable politique de développement durable[11] ». Nul destin ou fatalité supérieure ne pèse sur les dynamiques de dégradation ou, au contraire, de préservation ou de restauration paysagères, ce sont toujours des choix quiengagent le libre-arbitre, la liberté, la responsabilité des collectivités !

18 et 19. Andrène très-agile (Andrena agilissima) ♀ et andrène à pattes jaunes (Andrena flavipes) ♀ sur des inflorescences d’œnanthe safranée (Oenanthe crocata), Apiacée de grande taille commune dans les zones humides de l’Ouest européen et, notamment, dans les prairies de bord de mer de la Manche, voire en bordure des plages de l’ouest de ce département, en haut des estrans sableux ou rocheux. Parmi les Apiacées, elle est, « avec la grande ciguë (Conium maculatum) et la ciguë vireuse (ou ciguë aquatique, Cicuta virosa), l’une des 3 principales espèces dangereuses trouvées en France » : l’humain peut en « confondre les feuilles avec celles de certaines variétés de persil, ou le tubercule avec ceux du radis, du navet ou du céleri ; le risque est aggravé par son odeur et son goût agréables. » (Art. Wikipedia « Œnanthe safranée ».) En revanche, quantité de pollinisateurs, dont maintes espèces d’abeilles sauvages, mais aussi Apis mellifera, se ravitaillent en mai-juin sur ses grandes inflorescences nectarifères et pollinifères blanc crème ponctuées d’anthères pourpres.

La Beauté du vivant

Extraits d’une interview du biologiste et botaniste Francis Hallé à l’occasion de la parution de son livre La Beauté du vivant aux éditions Actes sud.

« […] Peut-on parler de crime contre la beauté ?
La destruction des milieux naturels porte un nom : celui d’écocide. Mais quel mot inventer pour la destruction de leur beauté ? Cette planète est un paradis. […] Il faut comprendre que sa beauté n’est pas le fruit du hasard, mais l’aboutissement de millions d’années d’évolution. Tout organisme, végétal ou animal,  a commencé par être peu fonctionnel et relativement laid, à tout le moins neutre, avant d’atteindre, au fil du temps, sa perfection, performative mais aussi esthétique.

Une forme d’art, finalement ?
[…] la beauté des « objets » naturels – dont nous sommes – est une propriété « émergente » : les rayures du zèbre, les ocelles de la queue du paon ou des ailes des papillons n’ont émergé qu’au fil d’un long, très long processus. La nature est une artiste ! […] Quelle détestable espèce est donc la nôtre pour oser détruire une telle œuvre en si peu d’années ?

Votre livre se veut donc aussi civique que scientifique ?
Le fait est que les scientifiques – qu’ils soient botanistes, zoologistes, astrophysiciens, océanographes… – ne partagent que rarement avec leurs contemporains leur connaissance de cette beauté du vivant dont ils sont pourtant les témoins privilégiés au quotidien, dans leurs travaux. Alors que c’est bien souvent elle qui est à l’origine de leur vocation ! Mais témoigner de son existence, la reconnaître, la formuler ne se fait pas : c’est interdit ! ‘‘N’admirez jamais ! nous disaient nos enseignants de la Sorbonne, dans les années 1950. Cela pourrait fausser vos raisonnements et en altérer les résultats.’’ La beauté était considérée comme futile, digne des enfants, des poètes et des artistes, mais indigne de chercheurs sérieux. Cela vaut toujours aujourd’hui : dans les revues scientifiques internationales, un article qui mentionnerait, par exemple, la beauté d’un morpho – ce splendide papillon bleu irisé de la forêt amazonienne – serait censuré. Au mieux reconnaîtra-t-on l’aspect ‘‘extrêmement intéressant’’ du dessin des nervures de ses ailes, pour justifier qu’on l’étudie… Mais jamais il ne sera dit que ce dessin est ‘‘beau’’.

Au final, nos sociétés ne lui feraient donc aucune place, selon vous ?
C’est à l’Éducation nationale qu’il revient d’éduquer à la beauté. Le rôle de l’école est essentiel, et elle peut le jouer très facilement, tant les enfants sont prêts à s’émerveiller et tant leur besoin de beauté est grand. […] Pourquoi cette sensibilisation à la beauté du vivant ne ferait-elle pas partie des ‘‘savoirs fondamentaux’’ ? Si tous les enfants apprenaient à l’école à s’émerveiller devant cette beauté, cela inclurait nécessairement parmi eux nos futurs dirigeants. Qui certainement différeraient de ceux qui sont actuellement au pouvoir, dans leurs choix et décisions : ceux-là n’ont pas la moindre notion d’esthétique et très peu de considération pour la vie. Ne me demandez pas d’être politiquement correct quand les responsables politiques, eux, sont tellement incorrects. […] »

« Cette planète est un paradis de beauté. Nous n’en avons pas de rechange »,
Télérama, n° 3902, octobre 2024, p. 20-23. 

« Nourrir le monde » en détruisant la vie à l’origine de la production alimentaire (pollinisateurs, vers, microorganismes du sol) a-t-il le moindre sens ? 

« L’écologie aujourd’hui ne saurait être seulement une affaire d’accroissement des connaissances et des maîtrises, ni même de préservation et de réparation. Il doit y entrer quelque chose d’une philia[12] : une amitié pour la vie elle-même et pour la multitude de ses phrasés, un concernement, un souci, un attachement à l’existence d’autres formes de vie et un désir de s’y relier vraiment », commente avec délicatesse l’essayiste Marielle Macé dans Nos cabanes (2019)[13]. D’où une question qui prête certainement à rire : où cette philia, cette biophilie pourraient-elles se loger dans les modes aujourd’hui dominants, sur la plupart des continents, de production industrielle des nourritures animales et humaines ? Sachant que l’acte qui consiste à se nourrir – à perdurer dans l’existence en tant qu’individu et espèce – est bien celui qui nous relie le plus intimement à la biosphère, garante des conditions de possibilité même de cet acte. Aussi, produire nos aliments dans la violence contre les sols et leur cohorte de microhabitants sources de toute fertilité, les extraire au forceps des paysages dans un esprit conquérant et guerrier (colonialiste), avec l’appui d’armes de destruction massive (tels les engins agricoles et les intrants chimiques), a-t-il le moindre sens ? Ces aliments nous reliant, y compris ceux poussés hors-sol, substantiellement à Gaïa[14], entité matricielle « composée de multiples acteurs en interaction (forêts, océans, animaux, plantes, humains…), […] où se connectent des multitudes d’agents pourvus de puissances d’agir[15] » et d’intentionalité.Or, ce qui est, dans son principe, dans son essence, censé garantir la persistance de notre espèce : la production d’une nourriture terrestre, est devenu puissance d’action suprêmement mortifère, ontologiquement opposée qu’elle est devenue aux dynamiques et processus fondateurs de la vie sur Terre comme la pollinisation, la décomposition, le recyclage, la fertilisation, la régénération des ressources et milieux ; production d’aliments pour les humains et leur bétail (lesquels concentrent l’essentiel de la biomasse des mammifères ![16]) compromettant la pérennisation de ces « puissances d’agir » telluriques, chtoniennes, aquatiques, aériennes enchevêtrées seules garantes de l’avènement d’un futur terrestre désirable – beaucoup d’humains s’avérant réfractaires, ô combien puissamment ! à l’idéologie transhumaniste foncièrement atterrante d’un avenir hors-sol sur la Lune ou sur Mars[17], y compris d’éminents astrophysiciens[18]

« L’humanité s’installe dans la monoculture ; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat », s’affligeait Claude Lévi-Strauss en 1955 dans son célèbre ouvrage Tristes tropiques[19]. Avant de déclarer, le constat fait de l’évacuation de la diversité biologique au profit de monocultures totalitaires : « Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui. » L’humanité, impasse évolutive, donc ?… De fait, si des réformes radicales de nos modalités de production agricole – ainsi que de nos autres manières dominantes d’habiter et de peupler des territoires toujours déjà peuplés d’autres formes de vie avant que les humains ne s’y installent – ne voient rapidement le jour, si n’entre enfin « quelque chose d’une philia », d’une biophilie élémentaire dans nos façons de tirer subsistance des cycles écologiques terrestres, nul doute que l’assertion du grand anthropologue s’actualisera dans un temps guère lointain (à l’échelon des temps géologiques), les façons criminelles d’être et de faire notamment propres aux irréductibles tenants de modes d’exploitation agricoles que l’hypocrite euphémisme de « conventionnels »[20] persiste àaffubler, concourant très activement au fatidique accomplissement d’un « point de basculement[21] » mondial.

« Il faut cesser d’édulcorer, les mots sont importants »

« La situation globale relève de l’extermination. Les animaux, employons les mots justes, ne disparaissent pas, ils sont tués, ce n’est pas la même chose. Certains naturalistes, je cite, évoquent un ‘‘anéantissement biologique majeur’’. […] Il y a une dimension médiatique ; ceux qui confèrent à la catastrophe actuelle des mots presque doux, externes, magiques, commettent une faute. Les êtres vivants ne disparaissent pas, vous avez déjà vu un canard, là, pouf ! plus de canard, non, ça ne se passe pas comme ça, ils meurent, ils sont tués, ils agonisent, ils souffrent, ils ne disparaissent pas, littéralement, c’est faux.[…] ‘‘Croyez-vous qu’il soit trop tard ?’’ Je l’entends dix fois par jour, cette question. Mais elle n’a aucun sens, il faut finir la phrase : ‘‘Trop tard pour quoi ?’’ Trop tard pour que tout aille bien ? Ah ça c’est sûr, il est trop tard. Trop tard pour que la vie perdure, sous une forme ou sous une autre ? Bien sûr que non. La seule question qui vaille est : Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? La deuxième mauvaise question fondamentale, c’est celle de la réversibilité. Peut-on revenir en arrière ? Mais qu’est-ce que ça veut dire, quand on parle d’êtres vivants sensibles ? On parle de morts. Les morts sont morts, par définition, on ne peut pas revenir en arrière. […] Ce n’est pas parce qu’on peut, dans certains cas minoritaires en écologie, inverser le processus que l’infinité des souffrances aujourd’hui endurées doivent être passées sous silence, amoindries ou relativisées. »

Aurélien Barrau (astrophysicien spécialisé en relativité générale, physique des trous noirs et cosmologie, mais aussi philosophe), « Comment habiter maintenant la Terre », Grandes conférences liégeoises, février 2020.

 De l’agriculture et de la guerre

21. Photographie d’une affiche publicitaire des moteurs Roulland, 1933 (® Lauginier, coll. Le Compa, Chartres) exposée à la ferme-musée du Cotentin à Sainte-Mère-Église (Manche)[22]. Après la guerre de 1914-1918, qui vida les campagnes de leur main-d’œuvre et des bêtes de trait, l’État souhaita « donner une impulsion nouvelle à l’agriculture en favorisant sa mécanisation par le biais de subventions. » Mécanisation freinée toutefois par « la grande crise économique des années 1930. Le grand bouleversement viendra après la guerre de 1939-1945, avec l’arrivée des tracteurs et autres machines motorisées[23] » qui signeront l’addiction à long terme des agriculteurs et de la société entière au pétrole, partant, aux infrastructures d’extraction et d’acheminement d’un combustible fossile qui deviendra la première source d’énergie de l’économie (avant le gaz naturel, le lignite et le charbon).

22. Photographie d’une affiche publicitaire (coll. Philippe Brugnon) exposée à la ferme-musée du Cotentin. En 1918, « Louis Renault crée un char agricole doté de chenilles, comme les chars de combat de la Première Guerre mondiale. » Ces « tracteurs à chenilles, évolution des chars de combat, qui fournissent la force nécessaire à l’action des machines », sont alors très chers, peu fiables, d’un maniement et d’un entretien difficiles. Puis, « la Seconde Guerre mondiale suspend le développement de l’activité agricole et celui de la motorisation. » C’est « pendant la période de la Reconstruction (1950-1960) » que « l’agriculture s’engage dans un processus de modernisation et de recherche de gain de productivité[24]. »

23. « Les labours avec une jeep. » Photo de reportage : « Jeep attelée à une charrue ». « Des soldats américains labourent un champ avec une charrue tractée par une jeep. » Document photo exposé à la Ferme-musée du Cotentin (coll. Mémorial de Caen). © NARA/Le Mémorial de Caen. Dans la Manche, « après quatre années d’Occupation […], les terres agricoles se transforment en un gigantesque champ de bataille dès juin 1944. Après les combats, les champs sont utilisés pour accueillir les troupes alliées fraîchement débarquées, pour le stockage du matériel et des véhicules. Selon les besoins de l’armée, les haies sont arrachées à l’aide de bulldozers, les parcelles transformées en pistes d’aviation, voire aménagées en cimetières provisoires[25]. »

24. Photographie d’une brochure publicitaire pour la jeep-faucheuse, années 1950, exposée à la Ferme-musée du Cotentin (coll. Ferme-musée du Cotentin). Véhicules tout-terrain fabriqués par centaines de milliers à partir de 1941 pour l’armée américaine, les jeeps peuvent être achetées par les civils français après la guerre. « Équipée d’une barre de coupe, la jeep peut servir à faucher l’herbe » ; elle tracte également herses (photo 4), charrues ou tombereaux par exemple. « La société AGRIP près de Châteauroux fabrique à partir de 1950 des tracteurs à 4 roues motrices utilisant diverses pièces de jeeps Willys. Le stock et le surplus de la base militaire américaine toute proche l’ont grandement inspirée pour créer ses modèles de tracteurs, qui utilisent des châssis et pièces de jeeps, mais aussi de camions GMC [véhicules de transport de l’armée américaine][26]. »    

 

               Le Plan Marshall issu de la Seconde Guerre mondiale[27] impulse fortement la motorisation et la modernisation de l’agriculture à partir de 1947. Puis, dans les années 1970, la « motorisation systématique fait disparaître le monde des ouvriers agricoles. Les exploitants généralisent l’utilisation massive des engrais chimiques afin d’augmenter les rendements. Dans ce contexte productiviste, l’emploi d’engins de plus en plus encombrants incite les agriculteurs à arracher leurs haies et à élargir leurs chemins pour travailler sur des parcelles toujours plus grandes. […] C’est la fin de la Normandie paysanne qui devient une Normandie agricole[28]. »

               Sur cette affiche des années 1950 d’allure plutôt martiale, deux coquelicots sont associés à la gerbe de blé empoignée par une main humaine ; ce n’est pas la mécanisation de l’agriculture qui a éradiqué ces messicoles et autres fleurs des moissons des champs cultivés (la levée de dormance de ces plantes appelant, sinon de profonds labours, du moins un travail du sol), mais les herbicides et engrais de synthèse associés au modèle de développement de l’agriculture intensive né de la Seconde Guerre mondiale. Les découvertes des pesticides par voie de synthèse « furent générées dans le cadre des conflits mondiaux (de 1900 à 1945 env.) à la suite du développement des armes chimiques (gaz de combat)[29] ». Largement utilisés en agriculture en tant qu’herbicides, insecticides, nématicides (pour tuer les nématodes) ou acaricides, les pesticides organophosphorés – comme, par exemple, le célèbre herbicide Roundup (glyphosate) ou l’insecticide Phosmet (employé sur fruitiers, colza, pomme de terre, vigne…) – sont directement issus des recherches des scientifiques militaires allemands du Troisième Reich (tel Schrader) sur les gaz de combat neurotoxiques[30]. Après la guerre de 1939-1945, alors « que les tensions montaient entre les États-Unis et l’Union soviétique, ces deux superpuissances naissantes recrutèrent des scientifiques militaires allemands [dont la plupart étaient des membres du parti nazi] sur leurs terres respectives pour capitaliser sur les innovations technologiques du Troisième Reich » relatives aux neurotoxiques organophosphorés. Lesquels, outre leurs usages biocides, constituent toujours des éléments essentiels de l’arsenal chimique militaire moderne.

26. Pulvérisateurs de pesticides des xix-xxe siècles.
Les deux pesticides les plus employés au xixe siècle sont le sulfate de fer et le soufre. « À cette époque, la vision du jardinier transportant sur son dos un gros pulvérisateur ou armé d’un petit vaporisateur est fréquente, particulièrement dans les vignes. Le fongicide le plus populaire au xixe siècle est sans conteste, en France, la bouillie bordelaise (mélange à base de sulfate de cuivre) que l’on dissout dans de l’eau et que l’on applique sur les pieds des vignes pour les protéger du mildiou. En Amérique, à la même époque, la poudre de pyrèthre est souvent le principal composant des nombreux insecticides employés en vaporisateur et vendus en sachets sous le nom de poudre de Perse[31]. » 

27. Photographie d’une publicité ancienne (1re moitié du xxe siècle ?) pour l’insecticide Truffaut « 5 fois plus actif que le jus de tabac ».
Avant la mise au point de produits chimiques contre « des prédateurs comme les souris, rats, taupes, campagnols, mais aussi les bactéries, le mildiou, les champignons ou encore les insectes volants et rampants, […] les jardiniers brûlent des feuilles de tabac pour asphyxier les insectes, puis, à l’aide de seringues de cuivre, vaporisent les zones infectées d’une décoction d’eau et de feuilles de tabac macérées. Fortement concentrée en nicotine, cette mixture peut également être appliquée au pinceau[32]. » 

Fleurir les bordures des terres intensivement cultivées ?

À ce sujet, les publications scientifiques se contredisent…

Nombre d’études scientifiques recommandent les semis de jachères florales et/ou les (re)plantations de haies d’essences mellifères en bordure des terres cultivées afin de stimuler les populations de pollinisateurs, mais aussi d’attirer et conserver les ennemis naturels des insectes ravageurs. Mais d’autres études ayant révélé la forte contamination aux poisons agricoles des espèces botaniques florales poussant à proximité des terres arables, des chercheurs ne recommandent guère ce type de plantations, leur préférant des parcelles de fleurs sauvages éloignées des cultures traitées et poussant sur des sols n’ayant pas déjà été contaminés par des cultures pesticidées[33]. D’une part, certaines publications concluent à la nécessité d’accroître, en quantité et qualité, les ressources alimentaires des Apoïdés apiformes (qui souffrent de carences, disette alimentaires, malnutrition chronique) en encourageant le développement d’adventices et de fleurs sauvages d’herbacées ou de ligneux dans les agrosystèmes intensifs ; et, d’autre part, certaines publications révèlent leur forte contamination par des cocktails d’agrotoxiques. Au point même que leurs auteurs recommandent que les jachères de fleurs nectarifères et pollinifères soient implantées à distance des champs traités, car elles constituent un vecteur d’intoxication de l’entomofaune anthophile par les biocides encore supérieur aux fleurs cultivées, puisqu’elle les visite davantage ! (En outre, seul un très faible pourcentage d’abeilles sauvages – 2 % environ – butinent et partant, pollinisent, les fleurs de culture dans le monde, l’immense majorité de ces insectes leur préférant la flore herbacée sauvage et celle des ligneux[34].) Toute l’incohérence, l’absurdité, le caractère criminogène de nos modes de production agricole industrielle éclatent au grand jour dans ces contradictions ! Aussi, l’unique voie permettant de résoudre ou de dépasser ces apories consiste-t-elle à modifier radicalement les modes de production des systèmes agricoles actuels en recréant, à l’échelle des paysages et des territoires des maillages (continuités écologiques) de sujets végétaux indigènes et variés favorisant la communication, la circulation et le brassage génétique des êtres vivants, mais aussi en proscrivant l’usage des pesticides, à commencer de façon préventive (la plupart des traitements chimiques appliqués sur les plantes et/ou leurs semences l’étant de façon préventive, alors même qu’aucune attaque de ravageurs ou pathogènes n’a été constatée[35] !…). « Une étude récente (2018) a évalué les performances de l’agriculture biologique (AB) en termes de niveaux de régulation naturelle potentielle des bioagresseurs (par exemple, prédation, parasitisme) et le niveau d’infestation effectif par des animaux, des pathogènes et des adventices. Par le biais d’un jeu de données constitué de 162 études collectées à l’échelle mondiale et de 2 méta-analyses, cette étude montre que les services de régulation naturelle (des animaux, des pathogènes et des adventices) sont plus importants en systèmes de cultures annuelles conduits en AB qu’en AC (agriculture conventionnelle). Par ailleurs, ces données montrent également que l’AB est plus performante pour contrôler les pathogènes, de même performance pour contrôler les ravageurs et moins performante pour contrôler les adventices, comparée à l’AC. Ces résultats montrent que les pratiques de l’AB permettent de stimuler les processus écologiques comme la régulation biologique et suggèrent qu’il est possible de substituer l’utilisation de produits phytosanitaires par les pratiques de l’AB sans augmenter les pressions des ravageurs et animaux pathogènes[36]. »

               Rappelons que l’intensification agricole est la première cause de l’effondrement de la biodiversité et que celle des milieux agricoles s’effondre plus rapidement que les autres (- 57 %)[37].

               Les résultats parus en 2019 d’une méta-analyse de 73 études différentes portant sur l’état de la faune entomologique d’Europe et d’Amérique du Nord principalement atteste que nous faisons aujourd’hui face « au plus massif épisode d’extinction » depuis la disparition des dinosaures. Avec 41 % d’espèces en déclin (diminution de l’abondance ou diminution de l’aire de répartition), les insectes meurent deux fois plus vite que les vertébrés (lépidoptères, hyménoptères et coléoptères sont les taxons les plus touchés). «Cela se passe à une vitesse incroyable. Dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre planète », s’inquiète l’un des auteurs de cette méta-analyse. Les 3 principales causes des morts dinvertébrés sont la destruction des habitats due à l’agriculture intensive (23,9 %), ainsi que la pollution aux pesticides (12,6 %) et aux engrais chimiques (10,1 %). Cumulés, ces 3 facteurs rendent l’agriculture productiviste responsable à elle seule de 46,6 % de ces exterminations ! (L’urbanisation en étant responsable à hauteur de 10,7 % et la déforestation, de 8,8 %[38].)

               Entre 2013 et 2018 en France métropolitaine, l’état de conservation des habitats dits « d’intérêt communautaire » a été évalué comme suit : défavorable mauvais : 34 % ; défavorable inadéquat : 42 % ; favorable : 20 % ; inconnu (ou non rapporté) : 4 %. « En 2019, dans le cadre de la directive européenne ‘‘Habitats, Faune, Flore’’, l’évaluation de l’état de conservation de 44 espèces représentatives de la biodiversité (dites ‘‘d’intérêt communautaire’’) a été réalisée. 35 % des évaluations concluent à un état de conservation favorable, 56 % à un état de conservation défavorable et 11 % à un état inconnu[39] ».    

28. et 29. Bordures de champ de colza (Brassica napus) biologique (ici séché sur pied) au mois de juin en Suisse normande : outre une bande enherbée et une haie vive (non broyées), une bande fleurie mellifère (chrysanthèmes des moissons, Anthemis sp., vesces, achillées, bleuets…) frange cette monoculture : dans les champs cultivés en bio, les adventices messicoles et rudérales sont beaucoup plus nombreuses que dans les champs conventionnels. « Dans les parcelles en agriculture bio, on a un gain d’environ 30 % de la richesse spécifique en arthropodes, oiseaux, microbes, un fort effet positif sur les plantes qui vont nourrir les pollinisateurs[40]. » 

Le sarrasin, culture d’excellence pour les pollinisateurs, les sols et les humains

Les abeilles mellifères élaborent à partir du nectar de cette plante mellitophile qu’est le sarrasin ou « blé noir » un miel d’excellence de couleur sombre, riche en oligo-éléments et en antioxydants (polyphénols, flavonoïdes), à la saveur charpentée et puissante d’épices, pain d’épice, réglisse, rapadura (sucre de canne complet) caractérisée par des notes de malt, cacao, caramel, bois sec, terre de forêt…. Les pollinisateurs sauvages (abeilles, syrphes, papillons) puisent également des ressources nutritionnelles de grand intérêt dans ses floraisons longues, échelonnées dans le temps.

Le sarrasin peut fructifier sur des terres pauvres et inappropriées – là où d’autres cultures n’y parviennent pas – et s’avère peu gourmand en eau. Ni ravageurs ni maladies ne sont préjudiciables à sa culture, laquelle est très économe en intrants et ne nécessite guère de désherbage. Cultivé comme engrais vert, il étouffe les plantes indésirables et enrichit les sols en azote et en phosphore. Dépourvue de gluten mais riche en protéines, fibres, antioxydants, vitamines et minéraux, cette Polygonacée (de la même famille que les épinards ou la rhubarbe) qualifiée de pseudo-céréale (car elle n’en est pas une) est, contrairement à ce qu’on lit souvent, susceptible d’être panifiée : on trouve d’excellents pains noirs composés à 100 % de sarrasin en Bretagne par exemple.

À la fin du xixe s., dans cette ferme herbagère prospère, « en dehors des grands travaux, les trois repas principaux se prennent dans la salle commune. Le premier repas, tôt le matin, doit être nourrissant : une soupe dans laquelle on ajoute de la graisse de bœuf et du pain. Au déjeuner, à l’exception du vendredi où le poisson est de rigueur, on mange du lard salé avec un plat de légumes. Le soir, la maîtresse sert à nouveau la soupe que l’on suppe à grand bruit. Jusqu’au milieu du xxe s., on trouve aussi au menu la bouillie de sarrasin que l’on mange à même la bassine, devant la cheminée. La bouillie est encore plus appréciée le lendemain, grillée dans la poêle avec du beurre. En plus de ces trois repas principaux, les ouvriers ont droit à plusieurs collations généreusement arrosées de cidre.  »

Les galettes de sarrasin étaient très appréciées en Normandie jusqu’au milieu du xxe s : « Elles sont mangées à la collation, remplacent parfois le pain à table ou constituent un repas à part entière[41]. »

Depuis les années 2000, la production de sarrasin en France ne permet plus d’approvisionner « que le quart des quelque 15 000 tonnes consommées annuellement en ce pays », « la confection des galettes de blé noir faisant largement appel à des produits d’importation provenant de Chine, de Pologne et du Canada »… Aujourd’hui, les surfaces de sarrasin cultivées en Bretagne – où les galettes, mais aussi la bière élaborées à partir de sa farine constituent « un élément essentiel de la culture alimentaire, mais aussi du mode de vie actuel » des Bretons[42] – sont comprises entre 3 000 et 4 000 hectares… contre plus de 100 000 ha qui y étaient cultivés au début des années 1960, « le blé noir subissant le contrecoup de la politique agricole commune (PAC) à l’origine de l’industrialisation de l’agriculture qui bascule de la polyculture à l’agriculture de marché[43] ».

Références

[1] Combemorel P., « La répartition de la biomasse sur Terre », Planet Vie, 2018. https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/relations-trophiques/la-repartition-de-la-biomasse-sur-terre

[2] « On a commencé par couper l’homme de la nature et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu’il est d’abord un être vivant. Et, en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu’au terme des quatre derniers siècles de son histoire l’homme occidental ne put comprendre qu’en s’arrogeant le droit de séparer l’humanité de l’animalité, en accordant à l’une tout ce qu’il retirait à l’autre, il ouvrait un cycle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d’autres hommes, et à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d’un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l’amour-propre son principe et sa notion. » Lévi-Strauss Cl., Anthropologie structurale, II, Plon, 1973, p.47, 53.

Selon le grand anthropologue Claude Lévi-Strauss (1908-2009), c’est à partir des xiv-xve siècles que la coupure ontologique entre nature et culture, non-humains et humains, s’est opérée en Occident, les Européens s’estimant seuls détenteurs de la culture et de la civilisation ; à l’époque des grandes colonisations, de la sujétion et des massacres génocidaires des peuples autochtones des Caraïbes et de  l’Amérique latine (Taïnos, Aztèques, Incas, etc.) aux xv-xvie siècles et de l’Amérique du Nord aux xviii-xixe siècles, ceux-ci, jugés par les Européens « barbares », « sauvages », « primitifs » et au mieux qualifiés de « naturels », furent rejetés dans la sphère infamante de la « nature », qui regroupait pêle-mêle l’ensemble des vivants non humains. Lévi-Strauss « a toujours fait preuve d’un pessimisme […] [qui] va s’exprimer clairement en mettant en cause l’explosion démographique, conséquence d’un humanisme coupant l’homme de la nature et des autres espèces vivantes ; conséquence, puisque cet humanisme classique, pour qui seul l’homme compte, a privilégié le progrès technoscientifique (en particulier médical) qui permet une croissance démographique mettant à mal la diversité culturelle tout autant que l’espace naturel nécessaire à la vie (bonne) des hommes et de tous les êtres vivants ». Boyer C., « Lévi-Strauss, l’Unesco et la question du racisme », L’Enseignement philosophique, 1, 2012. www.cairn.info/revue-l-enseignement-philosophique-2012-1-page-24.htm

• Voir le film L’Usage du monde, voyage entre nature et culture, d’Agnès Fouilleux, sept. 2024. www.lesfilms.info/l-usage-du-monde-voyage-entre-nature-et-culture/lusagedumonde-fr.html

[3] Tandisqu’il circule à pied sur les côtes de Bretagne voisines des côtes de la Manche, l’écrivain Sylvain Tesson observe : « Dans nos courses terrestres, il ne fallait pas s’éloigner de la côte. Passant ! Si tu t’enfonces d’un ou deux kilomètres dans les terres, tu quitteras le cordon des chenaux mystérieux et des quais du départ pour trouver la plaine au cordeau, le parfum du lisier. L’arrière-pays, c’est la vérité d’une nation sans la magie d’un rêve. Si l’on veut rester dans le scintillement, il faut marcher sur le fil. Un pas de côté, et c’est la fin du ‘‘Vive la mouette et l’ajonc !’’. Ce sera : ‘‘Vive le maïs et l’ammoniac !’’. Tout rêve nécessite ses œillères. » Tesson S., Avec les fées, Éditions des Équateurs/Humensis, 2024, p. 68.

[4] Les écotones sont des zones de transition et de contact entre deux écosystèmes, comme la mer et la terre,  la forêt et la prairie, le désert et l’oasis, etc. Ils recèlent généralement une biodiversité plus riche que celle constitutive de chaque écosystème différencié.

[5] www.encotentin.fr/itineraire/gr223-saint-vaast-la-hougue-phare-de-gatteville

[6] • Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt, « Indicateurs des ventes de produits phytopharmaceutiques », nov. 2022. https://agriculture.gouv.fr/indicateurs-des-ventes-de-produits-phytopharmaceutiques

• Générations futures, « Plan Ecophyto : Nos ONG dénoncent une consultation sur l’indicateur du plan totalement biaisée ! » www.generations-futures.fr/actualites/plan-ecophyto-consultation

[7]« Certains Roundup et autres ‘‘Herbicides à Base de Glyphosate’’ (HBG) peuvent être considérés comme des insecticides, c’est ce que nous démontre cette publication : ‘‘Un herbicide Roundup (herbicide à base de glyphosate HBG) provoque une mortalité élevée et nuit au développement des larves de chrysope Chrysoperla carnea’’. » Criigen (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique), « Des herbicides insecticides !! » https://criigen.org/des-herbicides-insecticides

Voir aussi la partie 1 de cette série, note de bas de page 6.

« Plusieurs études récentes ont démontré la toxicité d’une exposition réaliste (sur le terrain) des abeilles mellifères aux fongicides (une variété de paramètres de santé des adultes et des larves ont été pris en compte). Les toxicités des fongicides à principe actif unique et des combinaisons synergétiques de fongicides et d’autres produits chimiques agricoles pour Apis mellifera ont été démontrées.[…] Il a également été démontré que les fongicides sont toxiques pour les abeilles non-Apis en altérant les performances, le rendement et le comportement des colonies pour les espèces sociales, ainsi que la capacité et le comportement de reproduction des espèces solitaires. Par exemple, une mortalité synergique suite à une exposition à des combinaisons de fongicides et d’insecticides et des impacts au niveau moléculaire des fongicides sur le vol des bourdons ont également été signalés. » Belsky J. & Joshi N. K., ‘‘Effects of fungicide and herbicide chemical exposure on Apis and non-Apis bees in agricultural landscape’’ Frontiers in Environmental Science, 8, 81, 2020.

www.frontiersin.org/journals/environmental-science/articles/10.3389/fenvs.2020.00081/full

[8] « ‘‘C’est un crime contre l’humanité’’ dénonce un scientifique dont l’étude a motivé l’interdiction du glyphosate au Sri Lanka », France info, 2019. www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/glyphosate/video-c-est-un-crime-contre-l-humanite-denonce-un-scientifique-dont-l-etude-a-motive-l-interdiction-du-glyphosate-au-sri-lanka_3140393.html

[9] Par exemple : www.cerience.fr/fr/solutions/adjuvants-de-pulverisation

[10] Livory A., « Les abeilles de la Manche », avril 2019. https://manche-nature.fr/wp-content/uploads/2019/04/Abeilles-de-la-Manche_bd.pdf

[11] « Prix Coccinelle 2023 ‘‘Collectivités’’ : la Commune de Carolles », Manche-Nature, août 2023. https://manche-nature.fr/prix-coccinelle-2023-collectivites-la-commune-de-carolles

[12] « Philia est le mot grec désignant l’état, le sentiment ou l’émotion de l’amitié ou de la camaraderie qui, à la différence de Eros, désigne ce que Tobie Nathan dénomme un ‘‘amour raisonnable’’. Philia désignait à l’origine l’hospitalité, autrement dit ‘‘proprement non une relation sentimentale mais l’appartenance à un groupe social’’. Dans l’Éthique à Nicomaque, Aristote appelle philia l’affection qui fait que nous aimons un être pour ce qu’il est, et non pour ce qu’il peut nous apporter. » https://fr.wikipedia.org/wiki/Philia

[13] www.en-attendant-nadeau.fr/2019/03/19/poesie-secours-nature

[14] L’hypothèse Gaïa émise dans les années 1970 par James Lovelock et Lynn Margulis considère que l’ensemble de la biosphère est un seul superorganisme cohérent.

[15] Bergen V., « Dialogue avec Gaïa », Quinzaines, n° 1143, janv. 2016. www.la-nouvelle-quinzaine.fr/mode-lecture/dialogue-avec-gaia-1159

[16] Pla P., « La biomasse des mammifères est à une écrasante majorité composée des humains et de leurs animaux d’élevage », Planet Vie, 2023. https://planet-vie.ens.fr/thematiques/ecologie/la-biomasse-des-mammiferes-est-a-une-ecrasante-majorite-composee-des-humains

[17] « Le programme Artémis : le retour des êtres humains sur la Lune ». www.asc-csa.gc.ca/fra/astronomie/exploration-lune/missions-artemis.asp

[18] « […] la vie sur Terre va mal. C’est vers elle que les regards et les amours devraient se tourner. Elle est soumise à une agression majeure : une extinction massive qui confine en réalité à l’extermination délibérée. Quel étrange cynisme que de désirer aujourd’hui ‘‘conquérir’’ l’espace quand nous dévastons notre propre monde avant même de l’avoir réellement connu. Des relations symbiotiques complexes entre les arbres aux comportements subtils des insectes, en passant par les affects de petits mammifères, nous ne savons presque rien des merveilles qui nous entourent. Faut-il achever de détruire toute cette magnificence délicate émanant de milliards d’années d’évolution ininterrompue pour tourner nos regards vers les ocres monotones et exsangues du sol martien ? 

Évidemment, la quête de connaissances doit se poursuivre ! Il n’est pas un instant question que la conscience écologique mette fin à l’aventure du savoir. Tout au contraire. Il est d’ailleurs vrai que certains satellites aident à comprendre le changement climatique ou à répondre à des questions astrophysiques. Mais la conquête spatiale au sens fort – en particulier les vols habités – a bien peu à voir avec l’humilité douce et patiente de l’authentique découverte du monde. Elle a pris, aujourd’hui, le visage d’une démiurgie prétentieuse. Et, même pour ce qui concerne les vols non-habités, il y a peu de risque à parier sur l’émergence prochaine de publicités cosmiques qui deviendront le véritable enjeu puisque, dans les faits, nous avons essentiellement privatisé le ciel.

Comme une dernière érection nihiliste, les immenses structures phalliques des fusées signent un peu de la faillite d’une humanité arrogante et aveugle. D’une humanité qui a perdu la vérité de l’ici dans sa soif d’un ailleurs fantasmé. Une humanité dont la soif de désacralisation macule jusqu’à l’inchoatif des élans qui auraient pu être dignes de sens.

L’incapacité de l’Occident – au sens large – à déconstruire ses propres valeurs même quand, en plus des ravages néocoloniaux, elles conduisent à son propre suicide, laisse rêveur.

L’ ‘‘étoffe des héros’’, c’est maintenant – me semble-t-il – celle des Indiens qui luttent pour la survie de la forêt, celle des réfugiés qui luttent pour la survie de leurs familles, celle des animaux qui luttent pour la survie de leurs meutes ou de leur hordes dans un Anthropocène dévasté. […] Le temps presse et la révolution à opérer est autrement plus radicale que la découverte d’une nouvelle technologie ou d’un moteur surpuissant : il s’agit de réapprendre à aimer. Loin d’un renoncement, il faut maintenant un ré-enchantement infiniment plus profond et exigeant que le supplétif pauvre procuré par quelques monstres techniques disgracieux, laborieusement propulsés pour tenter d’échapper à la… gravité. » Aurélien Barrau, « Tristesse de la conquête spatiale », 2020. www.goodplanet.info/2020/06/02/aurelien-barrau-la-tristesse-de-la-conquete-spatiale

« Du ciel à la terre, des nouvelles du Cosmos », création radiophonique issue des œuvres : Sur la piste animale de Baptiste Morizot et Météorites d’Aurélien Barrau, Fictions/Théâtre et Cie, France Culture, 2023. www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/du-ciel-a-la-terre-des-nouvelles-du-cosmos-4967216

[19] www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/lsd-la-serie-documentaire/tristes-tropiques-l-invitation-au-decentrement-5972456

www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avoir-raison-avec-claude-levi-strauss/anthropologie-et-crise-de-la-modernite-8324305

www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/claude-levi-strauss-1908-2009-l-homme-en-perspective-3755602

[20] « Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde », écrivait le philosophe Albert Camus.

[21] « On sait que les systèmes écologiques localisés passent brusquement et irréversiblement d’un état à un autre lorsqu’ils sont forcés de franchir des seuils critiques. […]l’écosystème mondial dans son ensemble peut réagir de la même manière et se rapproche d’une transition critique à l’échelle planétaire sous l’influence de l’homme. La plausibilité d’un ‘‘point de basculement’’ à l’échelle planétaire souligne la nécessité d’améliorer les prévisions biologiques en détectant les signes avant-coureurs de transitions critiques à l’échelle mondiale ainsi que locale, et en détectant les rétroactions qui favorisent de telles transitions. Il est également nécessaire de s’attaquer aux causes profondes de la manière dont les humains imposent des changements biologiques. » Barnosky A. D., Hadly E. A., Bascompte J. et al., ‘‘Approaching a state shift in Earth’s biosphere’’, Nature, 486 (7401), 2012, p. 52-58. www.nature.com/articles/nature11018

[22] Des expositions permanentes et temporaires relatant l’histoire agricole de la Manche et de la Normandie (du passé à aujourd’hui) sont présentées dans cette ancienne ferme-manoir du xviie siècle habitée jusqu’en 1975 avant d’être transformée en musée de la ferme par le Département de la Manche en 1979. www.musees-normandie.fr/musees-normandie/ferme-musee-du-cotentin

[23] Texte issu de l’exposition permanente sur l’histoire des machines agricoles à la ferme-musée du Cotentin.

[24] Ibid.

[25] Texte issu de l’exposition temporaire « Système D-[DAY]. Quand les paysans normands réutilisent le matériel militaire de la Seconde Guerre mondiale », 2024, Ferme-musée du Cotentin. https://ferme-musee.manche.fr/programme-activites-animations/systeme-d

[26] Ibid.

[27] Le plan Marshall, ou « Programme de rétablissement européen », « est un programme américain de prêts accordés aux États d’Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces prêts sont assortis de la condition d’importer pour un montant équivalent d’équipements et de produits américains [assurant ce faisant la prospérité de l’économie américaine]. […] Le Plan doit permettre de construire vite voitures, camionnettes et tracteurs, pour faire face aux pénuries alimentaires. Les industries françaises qui en bénéficient le plus sont la sidérurgie, et ainsi en aval l’automobile, l’énergie (charbonnages, Électricité de France et pétrole), les tracteurs et machines agricoles et leurs fournisseurs en engrais, les mines de potasse, ou de manière plus anecdotique l’aéronautique ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_Marshall

[28] Ibid.

[29] Schiffers B., « L’emploi des pesticides dans les cultures : entre tracteurs et détracteurs », Probio-Revue, 2012, 2, p. 85. https://orbi.uliege.be/bitstream/2268/184041/1/Schiffers.Probio.2012.pdf

[30] La guerre des gaz : www.guerredesgaz.fr/Gaz-neurotoxiques.php

AFSSAPS, « Fiche Piratox n° 4 : « Organophosphorés : neurotoxiques de guerre et pesticides ». www.srlf.org/wp-content/uploads/2015/12/20110809_AFSSAPS_Fiche4_Piratox_Organophosphor%C3%A9s-neurotoxiques.pdf

[31] Texte issu de l’exposition « Fabuleux outils de jardin » au Jardin botanique de Vauville (Manche), 2024. www.jardin-vauville.fr/outils-de-jardin-anciens-vauville

[32] Ibid.

[33]Se reporter, par exemple, à l’étude de Botias et al., ‘‘Neonicotinoid residues in wildflowers, a potential route of chronic exposure for bees’’, Environmental Science & Technology, 2015, 49, 21, 12731-12740. https://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/acs.est.5b03459

Les scientifiques y montrent que l’exposition aux pesticides systémiques est bien plus élevée et prolongée qu’actuellement reconnue en raison de la contamination généralisée des plantes sauvages environnant les cultures traitées – les fleurs sauvages étant la principale voie d’exposition des abeilles à ces poisons, puisqu’elles les visitent davantage que les fleurs de culture. Les chercheurs ont par exemple retrouvé des concentrations élevées d’un néonicotinoïde dans le pollen de deux adventices très attractives pour les abeilles poussant à proximité d’un champ de colza traité, la grande berce et le coquelicot.

Ou à l’étude de David et al., ‘‘Widespread contamination of wildflower and bee-collected pollen with complex mixtures of neonicotinoids and fungicides commonly applied to crops’’, Environment International, 2016, 88, p. 169-178.  www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412015301161

Les scientifiques y concluent que le pollen des fleurs de culture (colza en l’occurrence) et celui des fleurs sauvages poussant à proximité contiennent des cocktails de pesticides, dont les fongicides carbendazime, boscalid, flusilazole, metconazole,  tébuconazole, rifloxystrobine et les néonicotinoïdes thiaméthoxame, thiaclopride et imidaclopride ; que dans les zones urbaines, l’exposition des pollinisateurs aux pesticides s’avère plus faible que dans les zones rurales.

[34] Se reporter à Kleijn D., Winfree R., Bartomeus I.et al.,, ‘‘Delivery of crop pollination services is an insufficient argument for wild pollinator conservation’’, Nature communications, 6(1), 2015, p. 7414. www.nature.com/articles/ncomms8414

[35] « Les tenants d’une agriculture conventionnelle défendent l’idée qu’il est impossible de se passer des pesticides pour nourrir l’Humanité. Une récente étude scientifique indépendante établit les limites d’une telle affirmation qui ne relève que d’une logique préventive*. En s’appuyant sur un réseau de 946 fermes agricoles, cette étude démontre qu’une réduction de l’usage des pesticides de 42 % (37 % des herbicides, 47 % des fongicides, 60 % des insecticides) n’a aucun impact négatif sur la productivité et la rentabilité pour 60 % des exploitations évaluées. L’interdiction ou le strict encadrement de l’usage des pesticides de synthèse est donc possible. »

* Les scientifiques parlent de « logique assurantielle », selon laquelle des traitements dits « phytosanitaires » sont réalisés systématiquement pour se prémunir d’un risque potentiel d’attaque de ravageurs, sans évaluation préalable de l’importance de ces populations de ravageurs et donc du risque.

Houard X., Silvain J.-F., « Agriculture et biodiversité, une alliance indispensable », Insectes, n° 212, mars 2024, p. 8. www.calameo.com/read/007627946e69f38694250

[36] Bretagnolle V. (coord.) et coll., Écobiose : Le rôle de la biodiversité dans les socio-écosystèmes de Nouvelle-Aquitaine. Rapport de synthèse, CNRS, Chizé & Bordeaux, 2020, p. 41. www.calameo.com/books/0060092711485874c0ead

« La diversité des plantes à fleurs, cultivées ou non, favorise l’étalement phénologique et la stabilité des ressources alimentaires pour les pollinisateurs […] L’agriculture biologique peut améliorer la diversité et la stabilité des populations de pollinisateurs par rapport à des cultures en conventionnel, probablement en raison de l’absence de pesticides et/ou d’une plus grande abondance et/ou diversité des ressources florales. L’hétérogénéité paysagère des systèmes agricoles peut également être améliorée grâce au passage en bio. Dans une zone étudiée en Allemagne, lorsque l’agriculture biologique a été étendue de 5 % à 20 % de la surface agricole, les populations d’abeilles et de bourdons ont augmenté respectivement de 60 % et 150 %. » Garibaldi L., « Agriculture : les abeilles sont-elles indispensables ? », L’Écologiste, n° 49, mai-juillet 2017. https://notablesdelaciencia.conicet.gov.ar/bitstream/handle/11336/126080/CONICET_Digital_Nro.e73e624c-6fd9-4982-9a42-72dc18208bdb_A.pdf?sequence=2

[37] Sirami C., « Comment gérer les paysages agricoles pour protéger la biodiversité tout en produisant suffisamment de nourriture pour la population humaine ? », séminaire au Collège de France, mars 2024. www.college-de-france.fr/fr/agenda/seminaire/interactions-plantes-pollinisateurs-hier-aujourd-hui-et-demain/comment-gerer-les-paysages-agricoles-pour-proteger-la-biodiversite-tout-en-produisant-suffisamment

[38]Sánchez-Bayoa F., Wyckhuysb K. A.G., ‘‘Worldwide decline of the entomofauna: A review of its drivers’’, Biological Conservation, 232, 2019, p. 8-27. www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0006320718313636

Sacleux A., « Extinction de masse : les insectes disparaissent à une vitesse alarmante », National Geographic, 2019 : www.nationalgeographic.fr/environment/extinction-de-masse-les-insectes-disparaissent-a-une-vitesse-alarmante

À écouter : « Un monde sans abeilles », dans « La Terre au carré » de Mathieu Vidard, sept. 2024. www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mercredi-18-septembre-2024-1203060

[39] Lire une synthèse des données relatives à la perte d’abondance et de diversité de la faune entomologique en France et en Europe : Houard X., Silvain J.-F., « Biodiversité : l’agriculture en questions », Insectes, n° 211, déc. 2023, p. 19. www.calameo.com/read/007627946e69f38694250

[40] Fontaine C., « Les réseaux d’interactions entre plantes et pollinisateurs pour comprendre le fonctionnement de ces communautés et leurs réponses aux perturbations », séminaire au Collège de France, février 2024. www.college-de-france.fr/fr/agenda/seminaire/interactions-plantes-pollinisateurs-hier-aujourd-hui-et-demain/les-reseaux-interactions-entre-plantes-et-pollinisateurs-pour-comprendre-le-fonctionnement-de-ces

[41] Texte issu d’une exposition permanente à la ferme-musée du Cotentin, laquelle témoigne de la riche histoire rurale et agricole de cette région normande.

Avant la moitié du xxe s.,« crêpes et galettes ne sont pas les seules manières de consommer le sarrasin : les Normands sont en effet friands de bouillie, recette qui semble moins prisée des Bretons. Sans surprise, dans la péninsule armoricaine comme ailleurs, ces bouillies de sarrasin n’ont pas le droit de cité lorsque vient le moment de définir ce qui relève ou non de la ‘‘gastronomie’’ : manger est aussi une pratique culturelle et ne peut s’envisager sans l’idée de distinction sociale. » Le Gall E., « Le plat des pauvres ? », Bécédia, 2019. www.bcd.bzh/becedia/fr/le-plat-des-pauvres

[42] Si « la culture du sarrasin n’est nullement propre à la Bretagne », car on en trouve la « trace dans de nombreuses autres régions parmi lesquelles la Lozère, l’Auvergne, le Limousin, la Savoie, la Champagne, la Sologne, le Morvan, la Mayenne ou encore la Normandie », « la péninsule armoricaine témoigne d’un réel attachement à cette plante, à tel point que la structure du foncier est en partie organisée autour » d’elle. Le Gall E., « Le blé noir : mythes et réalités d’une culture emblématique en Bretagne », Bécédia, 2019. www.bcd.bzh/becedia/fr/le-ble-noir-mythes-et-realites-d-une-culture-emblematique-en-bretagne

Paradoxalement, alors que « le xixe siècle se caractérise en Bretagne par un repli de la culture du sarrasin », « un lieu emblématique s’affirme comme un véritable marqueur identitaire de la Bretagne : la crêperie ». Le Gall E., « La crêperie : l’invention de la tradition ? », Bécédia, 2019. www.bcd.bzh/becedia/fr/la-creperie-l-invention-de-la-tradition

[43] https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarrasin_commun

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