Le réensauvagement, un espoir pour l’abeille noire ?

Article paru en janvier 2023 dans le premier hors-série d’Abeilles en liberté : L’Abeille noire, un bien commun.

Une domestication récente et partielle

Un animal domestique se définit par l’appartenance à une espèce ayant subi des modifications par sélection de la part de l’homme. C’est un animal qui, élevé de génération en génération sous la surveillance de l’homme, a évolué de façon à constituer une espèce, ou une race, différente de la forme sauvage primitive dont il est issu1.  On distingue dans cette définition deux aspects à la domestication : le contrôle de la reproduction de l’espèce, et la manipulation de l’environnement dans lequel elle évolue.

Dès la naissance de l’agriculture en Mésopotamie, le contexte d’évolution des abeilles mellifères a commencé à être influencé par l’homme, qui leur a procuré de nouvelles formes d’habitat (pots en argile ou paniers) qu’il décidait de regrouper en ruchers sur un lieu choisi par lui-même2. Les conditions de vie de ces abeilles à miel se sont alors progressivement éloignées de celles des colonies sauvages. Cette ambition de contrôle de l’environnement des abeilles a continué de s’accroître au fil des millénaires, aboutissant à la transhumance actuelle de colonies exploitées sur de très longues distances.

La maîtrise de la reproduction des abeilles mellifères est en revanche très récente et reste partielle, à la différence d’autres espèces totalement domestiquées comme les bovins. Il a fallu attendre la fin du XIXe siècle pour que la rationalisation et le progrès scientifique donnent aux apiculteurs les moyens d’altérer le patrimoine génétique de leurs colonies. C’est d’abord l’invention de la ruche à cadres mobiles Langstroth qui a permis de pénétrer à l’intérieur des colonies et d’y prélever des alvéoles royales, afin de produire des reines « de qualité » pour des colonies jugées faibles, ou de créer de nouvelles colonies3. Puis l’apiculteur Gilbert M. Doolittle a été le premier à mettre au point des méthodes d’élevage de reines en 1889. Ses travaux ont été suivis par ceux de Lloyd R. Watson qui dans les années 1920 a conçu les outils et techniques de l’insémination des reines, permettant ainsi une sélection artificielle des mâles et une capacité de contrôle total de la reproduction des abeilles.

Thomas Seeley note que le processus de domestication produit des organismes capables de prospérer dans des environnements gérés par l’homme, mais qui ont des difficultés à survivre dans la nature. Or, dans certaines conditions les abeilles demeurent capables de vivre toutes seules. Par ailleurs, l’insémination artificielle est loin d’être pratiquée par la totalité des apiculteurs. La fécondation des reines continue donc à se faire la plupart du temps en vol par les faux bourdons. Il convient donc de parler d’une espèce semi-domestiquée. Les colonies sauvages ou férales échappent à ce contrôle partiel des apiculteurs sur la reproduction et le contexte d’existence de leur cheptel. Elles choisissent seules leur habitat, essaiment quand elles le veulent, et assurent les conditions de leur survie sans aucune « aide ».

Aucune protection pour les espèces domestiques

L’abeille mellifère peut donc être considérée à la fois comme sauvage et domestique. Mais pour des raisons économiques et juridiques, Apis mellifera appartient juridiquement en France à la catégorie des espèces domestiques selon l’arrêté ministériel du 11 août 2006. Le Code de l’environnement définit les animaux domestiques comme appartenant à des populations animales sélectionnées ou dont les deux parents appartiennent à des populations animales sélectionnées. Avec cette définition, on pourrait différencier l’abeille noire non sélectionnée des abeilles hybrides comme la Buckfast, ce que ne fait pas l’arrêté ministériel de 2006 qui s’appuie sur l’édition de 1976 des Insectes de France de Mickael Chiney et sur l’avis de la Commission nationale de la protection de la nature4.

Ce statut d’animal domestique empêche juridiquement de reconnaître l’abeille noire comme une espèce menacée, ce qui permettrait d’obtenir certaines protections, comme l’interdiction de la marchandisation de l’espèce ou la préservation de son milieu naturel5. À l’heure actuelle, Apis mellifera mellifera ne peut pas faire l’objet d’une préservation contraignante au sein des parcs nationaux ou des réserves naturelles. Ces derniers pourraient pourtant constituer des outils d’encadrement local d’introduction d’autres sous-espèces, et donc prévenir le phénomène d’hybridation naturelle qui conduit à la disparition progressive de notre abeille locale.

Réintroduire la sélection naturelle

Si les espoirs d’obtenir une protection juridique pour les sous-espèces locales sont pour l’instant plutôt minces, un autre chantier est lui bien lancé : celui du changement de regard et de pratiques vis-à-vis des abeilles mellifères. Nous sommes aujourd’hui de plus en plus nombreux et nombreuses à reconnaître que leur domestication partielle a mené à leur affaiblissement. Dérangements incessants, transhumances fatigantes, nourrissements au sucre, manipulations génétiques, diffusions et concentrations de pathogènes… La responsabilité des pratiques apicoles dans la fragilisation de l’espèce est pour le moins évidente. Face à ce constat, un peu d’humilité s’impose. Depuis plus d’un million d’années, la sélection naturelle a façonné l’abeille noire, lui permettant de survivre à deux glaciations et de résister à de multiples parasites et prédateurs. Pourquoi ne pas avoir confiance dans ce processus pour permettre à l’espèce de s’adapter aux défis d’aujourd’hui et de demain ? Cela implique peut-être à court terme de lourdes pertes, qui viennent nécessairement heurter nos sensibilités et nos intérêts économiques. Mais différentes expériences montrent que l’espoir renaît assez vite.

Ce statut d’animal domestique empêche juridiquement de reconnaître l’abeille noire comme une espèce menacée, ce qui permettrait d’obtenir certaines protections, comme l’interdiction de la marchandisation de l’espèce ou la préservation de son milieu naturel.

Sur l’île de Gotland en Suède, une étude a été menée en 1999 dans le but de découvrir si varroa destructor était en capacité d’éradiquer des abeilles à miel européennes dans un secteur isolé, où les abeilles ne sont pas soumises à un contrôle de l’essaimage, ni ne bénéficient de traitement acaricide. 150 colonies de souches génétiques diverses furent installées sur une île de 3 200 km2 en mer Baltique, à 50 km des côtes suédoises. Chaque colonie, au départ dépourvue d’acariens, fut infestée artificiellement par une soixantaine d’acariens. Les colonies ne furent dérangées que quatre fois par an. Quatre années après le début de l’expérimentation, seules 8 colonies sur 150 étaient toujours vivantes. On peut parler d’une hécatombe ! Mais lors de la cinquième année, la moitié des ruches essaimèrent et la mortalité hivernale se réduisit. La population recommença à croître progressivement. Au bout de 15 ans, elle s’était stabilisée entre 20 et 30 colonies autonomes, ce qui correspond environ à une densité d’une colonie pour 1,2 km26.  Il semblerait donc qu’en seulement cinq ans, les abeilles mellifères soient en mesure d’acquérir une capacité de coexistence avec le varroa. La sélection naturelle a permis aux colonies les mieux dotées génétiquement de survivre et de transmettre leurs gènes aux générations suivantes.

Zones de réensauvagement

Le réensauvagement tel que nous l’entendons ici, ne consiste pas à laisser les colonies se débrouiller totalement, sans rien changer aux paramètres dans lesquels se déploient aujourd’hui les apicultures professionnelles et en amateur, à savoir la concentration des colonies sur un rucher, leur surdensité par rapport aux ressources mellifères et aux pollinisateurs sauvages, et le recours à des pratiques très interventionnistes. Au contraire, il s’agit justement de donner toutes les chances aux abeilles en reproduisant des conditions de vie proches de leur état sauvage : éloignement des colonies entre elles, habitats plus petits et si possible en hauteur, préservation de l’intégrité du nid, perturbations minimales, essaimages naturels et fréquents7… Concevoir des zones de réensauvagement qui respectent ces principes permettraient aux abeilles mellifères de renouer avec les conditions optimales de leur survie : leur environnement d’adaptation évolutive8. Les caractéristiques génétiques des abeilles les plus résistantes et les plus adaptées au milieu auraient toutes les chances de se transmettre au sein de la population d’abeilles se reproduisant ensemble, et ainsi reprendre progressivement et naturellement le dessus sur les critères issus de la sélection artificiellement dirigée. On peut légitimement supposer que le riche héritage d’Apis mellifera mellifera serait à cet égard préservé. Car lorsque les conditions environnementales d’adaptation évolutive des abeilles mellifères sont majoritairement réunies, la population d’abeilles vivant à l’état sauvage (ici relativement isolée des apiculteurs de rendement), sait s’adapter en quelques années, par elle-même, en dehors de toute intervention, ce qui prouve sa résilience.

Malheureusement là encore, dans le cadre d’un projet de restauration des écosystèmes, outre la méconnaissance du cortège des pollinisateurs sauvages endémiques, l’absence de protection juridique contraignante de notre sous-espèce indigène d’abeille mellifère est un frein à la mise en place efficiente de ce type de projet. Car avec l’apiculture conventionnelle, malgré de solides connaissances techniques, les scientifiques observent que la pratique généralisée de la transhumance, (entraînant brassages génétiques, diffusion de pathogènes, et surconcentration d’abeilles mellifères sur un lieu donné), peut vite saper l’efficacité d’une telle démarche. Pour commencer, il convient donc d’effectuer un important travail de terrain pour détecter des zones relativement isolées de l’apiculture de rendement, loin des allées et venues des colonies transhumantes et des traitements systématiques, où des souches localement adaptées et survivant sans l’aide de l’homme pourraient voir le jour, se reproduire entre elles et ainsi conserver leur patrimoine. Rendre l’abeille noire au monde sauvage auquel elle appartient, il se pourrait bien que la survie de l’espèce se joue là.

Références

  1. service-public.fr « Animal domestique, sauvage, apprivoisé, de compagnie : quelles différences ? »
  2. Thomas Seeley, L’abeille à miel. La vie secrète des colonies sauvages. p 74
  3. Ibid. p. 79
  4. Rapport Projet « Beelaw », POLLINIS et Sciences Po
  5. Ibid
  6. Thomas Seeley, L’abeille à miel. La vie secrète des colonies sauvages. p. 203
  7. https://www.pollinis.org/publications/lapiculture-darwinienne-selon-thomas-seeley-vers-une-approche-evolutive/
  8. Un environnement d’adapation évolutive désigne les conditions environnementales optimales pour qu’une espèce puissent transmettre à sa descendance les caractères d’adaptation qu’elle acquiert selon le principe de la sélection naturelle. Le concept d’ « environnement d’adaptation évolutive » vient de The Environment of Evolutionary Adaptation. Ce terme a été inventé par John Bowlby en 1969 et fait référence aux conditions présentes dans l’environnement lorsque les adaptations d’une espèce ont été naturellement sélectionnées.

30 Comments

  1. Pour information, je lance une page facebook dédiée aux ruches tronc et ruches tressées, ainsi qu’au réensauvagement des abeilles mellifères. Un simple outil pour partager du contenu utile, des images qui donnent de l’espoir, et les dates des prochaines formations.
    La page s’appelle Ruches Sauvages :
    https://www.facebook.com/profile.php?id=61560913634126

  2. Bonjour,

    Dans le sud j’ai implanté un essaim dans une ruche en liège. Essaim cueilli composé environ de 70% d’abeilles croisées ( Mix buck et noires assez fréquent par chez nous, je suppose ce mélange d’après leur taille, leur robe). Essaimage tardif( Mi mai), condition de sécheresse.
    En juillet à peu près la population s’inversait, 70% de noires. Pour à la fin de l’été, 100% des abeilles visibles hors ruche noires. Et plus petites de taille.
    J’ai pu observer des comportements d’épouillage, de sorties de larves bien blanches et d’attaque des frelons présents.
    Au printemps de cette année à nouveau un gros pourcentage de croisées, et depuis début mai, après une forte chute de population, à nouveau que des noires.
    Et un retour de comportement un peu plus gardiennes à la porte, style contrôle sanitaire.
    Je n’ai pas observé de syndrome des petites ailes sur les mortes ou les mourantes. Elles partent de la ruche en sautant au sol et ne volent plus. Elles marchent en s’éloignant généralement de la ruche. Cela ressemble un peu à des intoxications aux produits phytos. ( En les aspergeant d’eau, quand c’est dû aux phytos ou autres trucs chimiques, j’en ai vu vite repartir en vol. Là ça ne faisait rien.)
    Les restantes montrent une belle activité, si ce n’est la chute du nombre on ne dirait pas qu’il y a un problème.
    Pas de traitement, pas d’ouverture, je met à disposition parfois des infusions miellées de PPAM cultivées sur place, et des réserves d’eau avec des branches, des feuilles, des plantes, de l’argile verte.

    Je voudrais savoir si vous avez déjà remarqué ces fluctuations aussi marquées sur un essaim?
    Et avez vous vu ce type de chute de population ressemblant dans sa rapidité aux virus transmis par le varroa, sans que cela dégénère vite et complètement? Avec que des noires restantes(90%au moins des visibles à l’extérieur)?
    Y a t il des études sur ces changements de population au sein d’un même essaim?
    Y a t il des études sur une possible capacité de sélection des spermes en fonction des conditions climatiques et/ou d’habitat?

    Merci pour votre attention et vos éventuelles réponses 🙂

    • Bonjour Florent,
      Êtes vous certain que la colonie n’a pas essaimé en mai ? Qu’en est-il aujourd’hui ?

      • Bonjour Lucille,
        Merci pour votre réponse question 🙂
        Je ne suis pas certain à 100% qu’elles n’aient pas essaimé.
        Ce qui me fait pencher pour cette option c’est le nombre de mourantes qu’il y a eu les jours avant. C’est monté de façon exponentielle. Cela correspond aux symptômes des abeilles rampantes mais sans déformation des ailes.
        Et par la suite je n’ai pas remarqué de comportement qui pouvait signaler une absence de reine. Cependant je n’ai pas d’expérience d’observation d’une ruche juste après un essaimage.
        Les essaimages, en plus, ont été plutôt tardifs dans mon coin.

        A la suite d’une forme de stabilisation, il ne reste pratiquement que des noires ou sans signe de croisement flagrant extérieur. Elles ont repris des comportements d’épouillage à l’entrée et de sorties de larves.
        Elles ont une activité moyenne ( j’ai une autre ruche dans le secteur où la population est beaucoup plus importante en comparaison) mais une bonne présence à la garde ( épouillages et gestion des scarabées qui se collent à la grille). Si l’on ne se fie qu’au nombre et à l’activité je dirai qu’elles sont pas super en forme. Mais j’ai vu l’essaim resté petit longtemps quand je l’ai mis, et elles ne montrent pas de signe de stress particulier, d’inaction alors je dirai qu’elles vont plutôt bien.

        Ca fait comme ci un virus transmis par le varroa avait décimé une partie non résistante et que la diminution de population avait permis de retrouver des comportements d’adaptation au varroa. Je pense que celles restantes avaient des gênes adaptés, extérieurement cela s’est traduit par la disparition de la plupart des signes de croisement bucks. ( Je sais que le fait qu’elles soient croisées ne gênent pas toujours car j’ai vu un essaim installé depuis un moment, sans traitement, complètement croisé).
        Les stocks de miel faits alors que la population était importante ont peut être permis d’absorber le choc du manque de butineuses.
        Voilà pour son évolution du moment 🙂

        Bonne journée à vous

      • Difficile de poser un constat à distance sans avoir observé la ruche. Tant mieux si elles se portent bien, pourvu que cela dure !
        Pour répondre à vos questions :
        Oui une forte fluctuation est possible dans la saison. L’abeille noire en particulier est connue pour sa frugalité, liée à son histoire évolutive faite de glaciations. A la sortie de l’hiver, il ne reste parfois qu’une petite grappe d’abeilles, mais la colonie peut néanmoins grandir rapidement si les ressources sont présentes. En cas de manque de ressources, les abeilles noires peuvent également tuer des larves de leur propre colonie afin de conserver de quoi survivre et redémarrer quand la mauvaise passe sera terminée.
        La diversité des sous-espèces et des écotypes d’abeilles démontre qu’il y a effectivement une sélection des critères génétiques (autant chez les mâles que les femelles) en fonction des conditions climatiques, de la flore, etc. Maintenant l’environnement est tellement bouleversé par les introductions et interventions humaines qu’il est difficile de mener des études sur la « réadaptation » génétique des colonies.
        J’observe des colonies se « noircir » sur plusieurs années, signe que les conditions extérieures permettent de sélectionner de façon naturelle la génétique locale. Mais cela dépend évidemment de la présence ou non d’apiculteurs autour, de leur nombre de ruches et de leurs pratiques (notamment la race d’abeilles qu’ils utilisent).
        En espérant que cela répond à certaines de vos interrogations, bonne suite dans vos observations 🙂

  3. Mais sans doute est il trop tard en raison de la pollution génétique généralisée due à l’introduction d’abeilles hybrides, de chimères inadaptées, par des apiculteurs productivistes inconséquents à la recherche unique de rendements (financiers) à court terme.
    Sans parler des pesticides de toutes natures, responsables de l’hécatombe apocalyptique de la biodiversité! Un autre sujet…
    🙁

    • Je vous rejoins sur le constat d’une pollution génétique généralisée, mais tant qu’il y aura des abeilles qui vivent, je ne pense pas qu’il soit trop tard. J’ai chez moi une colonie qui entame sa 7ème année, sans traitement varroa, ni contrôle de l’essaimage. A l’origine c’était un essaim de buckfast. Au fil des années, la colonie s’est « noircie », regagnant potentiellement des critères d’adaptation locale. Pour ma part, je m’éloigne aujourd’hui d’une vision stricte de la conservation d’une race abeille noire génétiquement pure. Je crois qu’il faut partir du constat de cette hybridation généralisée que vous décrivez et accompagner une réadaptation locale via le laisser-faire. Néanmoins je vous concède que cela n’a de sens que dans des territoires relativement éloignées de l’apiculture de rendement, qui compromet la réussite d’un tel projet.

  4. Ça va être compliqué 99 pour cent des reines ou des essaims sont du bidouillage de remérage.d’abeilles facile à reproduire, mais qu’il faud entretenir,(nourrir et constamment, cette année).

    • Effectivement c’est une démarche qui a un véritable cout en terme de pertes de colonie, au vu de l’artificialisation de la population globale actuelle. Néanmoins cela n’est pas peine perdue, mais à mon sens incompatible avec l’obligation de rendement de l’apiculture de production dans notre modèle économique actuel. Personnellement je n’ai pas eu à nourrir constamment mes colonies cette année malgré un printemps froid et pluvieux, mais l’espoir d’une récolte sera peut-être compromis.

  5. J’en ai chez moi depuis des années, en pleine ville, et il n’y a pas de ruches à proximité. Ce sont donc des essaims sauvages 💛

  6. Comment dirait Yves Élie : même si vous n’avez pas d’abeilles noires, élevez-les comme des abeilles noires. Le réensauvagement c’est l’espoir pour tout!

  7. Ça ne fait pas plus d’un million d’année qu’on a le varroa et encore moins le frelon asiatique. Bon courage pour le réensauvagement… 😕

    • Bonjour. L’article de Lucile Quentin ne dit à aucun moment que le réensauvagement sera facile et, d’une manière générale, lorsque nous publions quelque chose sur le sujet nous nous efforçons d’être lucides sur ce point. Mais nous vous retournons volontiers cet encouragement : bonne chance à celles et ceux qui pratiquent l’apiculture en inhibant les capacités d’adaptation des abeilles mellifères !

  8. Vos articles sont toujours aussi intéressants Merci !🙂
    J’en apprends énormément.

  9. Pour ma part, je n’ai pratiquement que des abeilles de récupération. Plus c’est agressif et sauvage mieux c’est. Pour dire que c’est agressif, je n’ ai jamais réussi à marquer une seule de mes reines. J’utilise une combinaison intégrale, un jogging complet sur mon jean et elles arrivent encore à me piquer parfois 😂😂. Niveau gants, j’ai des cuirs et en dessous une seconde paire de gants fin pour travaux. L’enfumoir ? Un nuage de fumée elle n’ont même pas peur. L’ouverture des ruches ? Elles attaquent a 10 mètres 😂😂. C’est exactement ce que je recherche, j’ai perdu une fois la moitié de mes ruches en une seule journée à cause des FA, maintenant les abeilles douces pour moi c’est terminé. Je préfère me protéger en conséquence. Et pareil pour les vols de ruches, ils peuvent toujours essayer, ils vont pleurer, une combinaison intégrale ne suffit pas 😂😂😂😂

  10. N’étant pas professionnel, c’est pourquoi je suis me orienté vers la Kenyane et non la dadant. La méthode est moins invasive et plus respectueuse du fonctionnement naturel.

  11. Les écologistes sont friands des néologismes. Réensauvagement ???
    La vérité, c’est que les abeilles sauvages meurent toutes les unes après les autres.
    Pourquoi? C’est multi factoriel bien sûr, mais de mon propre avis en fonction de ce que j’ai lu:
    – Clairement le varroa est l’ennemi n°1, il décime toute les colonies sauvages
    – En deux l’environnement qui change à vitesse grand V, le climat est plus dur et les ressources moins nombreuses
    – En dernier la pauvreté génétique de l’abeille noire qui l’empêche de s’adapter à tout ces changements
    Voilà le débat est ouvert 😉

    • Merci pour votre commentaire Inod Bee. Vous avez raison de dire que le varroa — parasite importé par des apiculteurs — cause des dégâts spectaculaires. Mais vos lectures semblent pour l’instant insuffisantes et ne prennent pas en compte les synergies négatives entre varroa et pesticides, notamment. Contrairement à ce que vous affirmez, certaines colonies vivent très bien avec le varroa. Cela a été documenté sur l’ile de Groix par exemple et David Giroux parle également de ce sujet ici https://www.abeillesenliberte.fr/accueillir-et-proteger-ruches-de-biodiversite-chez-custos-apium/
      S’agissant des abeilles noires, vous lirez peut-être avec profit ce que dit Lionel Garnery au sujet de leur plasticité génétique, contredisant totalement ce que vous déclarez https://www.abeillesenliberte.fr/labeille-victime-de-lintensification-de-lapiculture/
      Les capacités de réponses rapides aux variations du climat de l’abeille noire sont bien documentées, les rendant particulièrement aptes à s’adapter aux évolutions climatiques évoquées dans vos propos.
      Concernant les néologismes, ils ont une fonction dans l’évolution d’une langue et il est peu probant que les écologistes en soient plus friands que les autres. Le cas échéant, vos sources seraient les bienvenues.

    • Stephane Bonnet vous a fait une réponse proche de celle que j’aurais eu à vous faire.
      Je vais simplement rajouter que nous connaissons probablement tous des colonies « sauvages » installées dans des arbres creux, des cheminées, des cavités diverses, qui survivent d’année en année, chaque printemps, parfois plus de 10 ou 12 ans, alors qu’aucun apiculteur n’intervient pour les « soigner », les manipuler, les nourrir ou les traiter.
      Il est vrai que personne ne vient les perturber ni leur retirer de leur nourriture.
      Ma remarque est surtout valable pour les colonies urbaines car en campagne, dans certaines zones de cultures, elles peuvent parfois être victimes, elles aussi, des pesticides agricoles.

  12. Plusieurs questions me taraudent :

    – Pourquoi a-t-on réuni des colonies de races différentes et non-pas des noires (ou approchantes) pour effectuer l’expérience de l’île de Gotland ?

    – Que sait-on sur la question de la masse critique de colonies rassemblées ou disséminées sur un territoire, au départ de toutes les tentatives de sauvegarde de l’abeille noire ?

    – Dans le cadre d’une tentative de sauvegarde de l’abeille noire, que sait-on de la superficie minimale ainsi que de la nature du territoire nécessaires pour espérer un développement du nombre de colonies noires ?

    – Doit-on impérativement démarrer une tentative de sauvegarde de la noire avec des colonies noires pures, plutôt rares, ou ne vaudrait-il pas mieux se contenter de noires plus ou moins batardes mais toujours relativement robustes, beaucoup plus faciles à se procurer ?

    – Vouloir en même temps sauvegarder la noire tout en la sélectionnant (sans traitements anti-varroas, donc…) pour sa résistance aux varroas, n’est-ce pas mettre la barre un peu trop haut, voire la garantie d’un échec assuré ?

    – Tant que l’on n’introduisait pas de races étrangères et que la reproduction se faisait par division et essaimage naturel, l’apiculture professionnelle a-t-elle affaibli la génétique de l’abeille noire et dans l’affirmative, en quoi l’a-t-elle affectée ?

    – …

    ..

    • Ce sont de bonnes questions ! Voici mes réponses :

      – Pour ce qui est de l’expérience de l’île de Gotland, l’idée d’Ingmar Fries était d’utiliser un échantillon représentatif d’abeilles élevées en Suède. En outre, il pensait peut-être qu’il obtiendrait ainsi la plus grande variation héréditaire possible au début de la sélection. (Cette dernière s’est avérée très décevante : sa sélection manquait des allèles pour l’hygiène varrao-spécifique. Par conséquent, ces allèles manquaient également dans la population suédoise d’abeilles élevées. Ces allèles avaient été perdus suite à la sélection par les apiculteurs d’abeilles hautement productives et non agressives).

      – S’agissant de la masse critique de colonies, les abeilles de la forêt d’Arnot, étudiées par Thom Seeley, avaient une population effective de 600 colonies. Nous savons que dans une telle population, la sélection naturelle fonctionne efficacement. On peut donc viser des zones ayant une capacité d’accueil de 600 colonies.

      – Pour répondre à votre troisième question, la superficie dépend de la qualité du paysage. En Europe occidentale, les densités d’abeilles mellifères varient de 0,5 à 3,5 colonies par kilomètre carré.

      – Sur la question du choix entre noire pure et noire hybridée, j’opterais pour la seconde solution et ferais confiance à la sélection naturelle. Si nous parvenons à éloigner les abeilles exotiques, la population d’abeilles ressemblera de plus en plus à l’abeille noire. Les apiculteurs de la région devront toutefois conserver principalement des abeilles noires pures. Les faux bourdons de ces colonies contribuent à rendre les abeilles sauvages plus noires.

      Concernant la résistance au varroa, là encore, il faut faire confiance à la sélection naturelle. Ici, dans la vallée de l’Oise, dans le nord de la France, malgré les abeilles Buckfast importées par les apiculteurs, il y a encore beaucoup d’abeilles sauvages. Elles ressemblent encore souvent à des abeilles noires et sont résistantes au varroa.

      – Pour répondre à votre dernière question : jusqu’à il y a 100 ans, les abeilles domestiques et les abeilles sauvages appartenaient à la même population. Les jeunes reines élevées s’accouplaient également avec des faux-bourdons provenant de colonies sauvages et vice versa. À cet égard, les abeilles mellifères sont comme les huîtres et les moules : sauvages et élevées. La sélection naturelle a toute sa place dans ce contexte. Tant que la population est assez nombreuse, il y a suffisamment de variations héréditaires.

      • @Jacques van Alphen

        Merci pour vos précieuses réponses, grâce auxquelles j’ai essayé d’imaginer ce que pourrait être une zone de protection/ré-ensauvagement de l’abeille noire dans mon secteur : le département du Var.

        A noter que je n’ai considéré QUE le problème de la reproduction et non-pas celui de la résistance aux varroas, qui pourrait également être projeté, de manière distincte et complémentaire.

        Par réalisme, je n’ai pas exclu les professionnels qui seuls, pourraient être en mesure de fournir une quantité suffisante de ruches,… le capital de départ, en quelque sorte…

        Avec ses 60 km de long entre Fréjus et Hyères et plus de 25 km de largeur moyenne (1500 Km2 et plus, selon les superficies environnantes que l’on pourrait y adjoindre), le massif des Maures, dans sa totalité, m’a immédiatement semblé être un espace adéquat, de part sa superficie, son relief, son climat, sa richesse botanique et sa position côtière, qui lui confère une semi-insularité sur toute sa grande longueur au Sud.
        Côté Est, la limite pourrait être le delta lacustre du fleuve côtier Argens (étangs de Villepey, géré par le Conservatoire du Litoral) ainsi que sa vallée qui longe la massif jusqu’à Vidauban, suivie plus à l’Ouest, jusqu’au Cannet des Maures, par la Plaine des Maures, pour plonger au Sud jusqu’à la ville de Hyères. Les limites pourraient être également constituées par les routes ou la voie ferrée reliant Fréjus à Hyères en passant par le Cannet des Maures et contournant le massif. Au total, il s’agit d’une superficie pouvant héberger entre 2000 et 4000 ruches, voire davantage, si l’on considère que les professionnels retireraient leurs ruchers de la zone, une fois passée la période principale des fécondations –disons à partir de la mi-Mai – pour rejoindre les Alpes et ensuite, vers la fin Juin, les champs de lavandes du plateau de Valensole : c’est le circuit classique de presque tous les apiculteurs, professionnels ou amateurs, dans la région.

        Sur cette base, que j’estime minimale en termes de contraintes, j’ai donc essayé de répertorier les obstacles qu’il faudrait surmonter pour réaliser un tel projet :

        – les rapports aux diverses administrations (nationales, préfectorales, communales,…) ;

        – la définition du statut d’une telle entreprise et son organisation pratique ;

        – l’ensemble des bouleversement qu’engendrerait cette démarche dans les pratiques apicoles des professionnels et des amateurs locaux, ceux qui utilisent déjà cette zone (en noires ou en hybrides…) mais également les autres, qui seraient intéressés par cette démarche…

        Tout cela exige une telle coordination que j’avoue que les bras m’en sont tombés…
        Au niveau administratif, c’est un véritable parcours du combattant. Quant à l’orgnisation, cela ressemble vite à “une usine à gaz“, dont on peut être certain qu’elle engendrera des frustrations dans le milieu professionnel, étant donné que le massif des Maures est déjà largement utilisé comme zone d’hivernage et de printemps. Par ailleurs, faire un tel projet sur une zone inintéressante pour les abeilles n’aurait pas de sens…

        Il m’apparaît clairement que sans une modification fondamentale de la loi définissant le statut de l’abeille comme “animal sauvage“ et interdisant l’importation de souches étrangères ainsi que toute sélection par insémination artificielle…, sans contraintes légales donc, aucun projet de ce type et de cette ampleur ne sera possible. Or, si la loi pouvait interdire ces pratiques délétères, il n’y aurait plus besoin de créer de réserves, grandes ou petites, puisque toutes les colonies présentes sur le territoire français deviendraient de plus en plus noires au fil des années et dans ce cas, seules des zones naturelles “sans traitements varroas“ resteraient pertinentes.

        Je ne suis sans doute pas le plus doué pour imaginer l’organisation d’un tel projet (appelons-le “Maures vivantes“ !^^) mais pour l’instant, il ressort de mes réflexions qu’il vaudrait mieux considérer le problème juridique comme LE PROBLÈME MAJEUR ET PRIORITAIRE auquel il faudrait s’attaquer.

    • Vaste question. Qui n’a pas su trouver de réponse dans le traitement chimique, après plus de 40 ans de tests divers. Amitraze, Coumaphos, Fluvalinate, Acides formique lactiques oxaliques, Huiles essentielles…etc… On réduit la populatin, jamais on ne l’élimine.
      Dans le même temps, on sélectionne mécaniquement les varroas résistants (ceux qui résistent aux traitements se reproduisent), et les abeilles les plus sensibles (puisque très peu de sélection sur l’hygiène à part pour quelques éleveurs)…

      Nous sommes dans une impasse.
      Il est possible qu’en imitant les défenses naturelles, que sont les essaimages et autres ruptures de ponte, nous ayons une sortie vers une sélection d’abeilles plus tolérantes au parasite. Cela vaut le coup d’essayer.
      Dans tous les cas, nous savons que l’apport de génétiques variées et fréquente est un frein à la résistance au varroa.

  13. Il faudra d’abord former les gestionnaires forestiers et les agriculteurs qui éliminent systématiquement les arbres creux.

    • j’avais interrogé l’ONF à ce sujet, ils sont incompétents niveau biodiversité. Leur compétence c’est vendre du bois. Concernant les arbres creux ils ont, en théorie, une protection et peuvent être marqués couleur chamois. Cependant ils sont, à tord, considéré comme potentiellement dangereux pour les promeneurs ou malades et sont abattus

  14. Article très intéressant, qui souligne avec justesse l’importance de l’apport de « génétique artificielle », dans la difficulté a conserver des caractères de tolérance à l’acarien.

    • Merci pour cet article, qui vient apporter des compléments plus récents, et en effet quelque peu décevants. Néanmoins la conclusion logique que l’auteur tire de son observation ne me semble pas si évidente. L’échec d’une expérience ne peut donner lieu à un renoncement définitif. Notamment parce que les abeilles de Gotland continuent à vivre dans un contexte contrôlé par l’humain et éloigné par certains aspects de leur mode de vie à l’état sauvage. Les abeilles vivent dans des ruches à cadres, apparemment rapprochées les unes des autres (voir photo de l’article), et subissent des dérangements et intrusions fréquentes pour les besoins de l’étude (l’article mentionne notamment l’élevage de reines « résistantes »). Arrêter les traitements tout en conservant les autres paramètres de l’apiculture moderne ne semble pas être une direction souhaitable.

  15. Voila une approche pleine de bon sens. Merci pour cet article qui met le doigt sur les nombreux atouts de notre abeille noire et sur les différents obstacles (économique, juridique, environnemental, pratiques apicoles, etc) qui l’empêche de s’exprimer pleinement dans sa capacité d’adaptation.

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